Rahmani Jamil, écrivain médecin : "Il ne faut rien sacrifier à ses ambitions"

Auteur ou coauteur de plusieurs livres passionnants, Jamil Rahmani qui est aussi médecin plonge le lecteur dans des situations avec un regard clinique chargé d'humanité. Le natif d’Alger nous parle dans cet entretien, d’écriture, de littérature et de son rapport avec sa terre natale.

Pouvez-vous vous présenter ? Quel est votre parcours ?

Mon nom est Jamil Rahmani, je suis né à Alger, y ai fait des études de médecine et suis venu en France pour me spécialiser en anesthésie. J’exerce à Paris depuis 1987. J’ai entamé en 2006 une carrière littéraire en collaboration avec Michel Canesi, un collègue médecin.

Notre premier roman "Le Syndrome de Lazare" s’intéressait à l’émergence du sida à Paris dans les années 80. Il a été adapté au cinéma par André Téchiné (Les Témoins). Nous avons publié six autres ouvrages dont Alger sans Mozart (Folio) et Ultime Preuve d’Amour (Éditions Anne Carrière et Livre de Poche, Dalimen en Algérie), dans ces deux romans très bien reçus par la critique et le public, les intrigues se déroulent en Algérie. Nous avons écrit également un essai sur la médecine prophétique : Bien Portant avec la Médecine du Prophète (Éditions Lattès, Éditions Dalimen en Algérie)

Qu'est-ce qui vous a inspiré pour écrire votre dernier livre ?

Mon dernier ouvrage Les Contes Berbères de mon Grand-Père a été rédigé par mon grand-père Slimane Rahmani dans les années 50, je n’ai fait que le corriger et remettre au goût du jour le texte français. Je n’ai été qu’un passeur mais j’en suis fier car ainsi, j’ai pu rendre hommage à mon aïeul et à la région dont nous sommes originaires, la Kabylie. Ces contes sont une mine d’enseignements sur les traditions de nos ancêtres, leurs dures conditions de vie et sur la langue kabyle de la première moitié du XXème siècle.

Quel est votre rapport à la lecture, la littérature ?

Comme tout écrivain, je lis beaucoup, des romans, des essais, des poèmes, des articles scientifiques. Je passe beaucoup de temps à la lecture, moins quand j’écris malgré tout. J’aime tous les types de littérature, fantastique, romanesque, j’aime les thrillers et d’ailleurs Michel et moi en avons écrit deux (un publié, La Douleur du Fantôme chez Phebus, l’autre en attente de publication). J’ai une passion pour le livre, je suis d’ailleurs incapable d’en jeter un tant l’écrit est sacré pour moi.

Comment écrivez-vous ? Cette évolution à partir de l’éclosion du sujet et jusqu’à sa mise en écriture.

Pour les romans publiés avec Michel Canesi, nous choisissons un sujet, nous discutons des personnages, de la trame romanesque puis je commence à écrire. Après quelques pages, je les soumets à Michel et nous les corrigeons ensemble, il me donne de nouvelles idées, j’en formule également et je réécris le passage. Nous progressons comme ça, jusqu’au terme de l’ouvrage.

Avez-vous une pratique d'écriture individuelle ? Avez-vous déjà participé à un concours littéraires ?

J’aime écrire en musique, un casque sur la tête, cela étonne certains de mes collègues écrivains qui ne peuvent écrire qu’en silence. Moi, la musique m’aide. Nos livres ont reçu des prix notamment Alger Sans Mozart (Prix Lorientales, Prix Coup de Cœur de l’association Coup de Soleil), Villa Taylor (Prix de l’Adelf), Ultime Preuve d’Amour a reçu une mention spéciale au Prix Méditerranée. Alger Sans Mozart, Villa Taylor et Ultime Preuve d’Amour ont été sur la liste des conseils de l’été du jury de l’Académie Goncourt.

Quelle est votre première grande découverte littéraire ? Et votre dernier coup de cœur ?

Emprise de Louis Bromfield est un livre qui m’a beaucoup marqué adolescent, j’ai beaucoup aimé récemment Tous les hommes désirent naturellement savoir de Nina Bouraoui et un texte poignant de Lamia Ziadé, Mon Port de Beyrouth.

Quels conseils donneriez-vous à une personne qui hésiterait à se lancer dans l'édition ?

Du courage et de la ténacité, c’est un métier extrêmement difficile auquel il faut donner son temps et sa vie sans compter et sans toujours avoir le retour escompté. Nicole Avril, une grande écrivaine française, m’a dit un jour : "Avez-vous une ambition littéraire ou souhaitez-vous une notoriété facile ?"

Votre dernier mot

Il ne faut rien sacrifier à ses ambitions. Il faut écrire ce qui nous semble juste et non ce qui plait, ne jamais céder à la facilité.

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