Un film documentaire sur Frantz Fanon, réalisé par un scénariste algérien

Programmé à la section Forum de la Berlinale 2024, prévue du 15 au 25 février à Berlin, le film dédié à Frantz Fanon, du réalisateur algérien Abdenour Zahzah sera sous les feux des projecteurs.

Franz Fanon, né le 20 juillet 1925 à Fort-de-France, est un psychiatre et essayiste de nationalité française qui s’est toujours considéré comme citoyen algérien. Il était un combattant inépuisable dans la lutte pour l’indépendance de l’Algérie en particulier, et pour la décolonisation en général.

Il s’engage à 18 ans dans l’armée pour combattre au côté des Français lors de la Seconde Guerre mondiale. Après s’être fait démobiliser, il rentre en Martinique pour passer son bac, qui lui a valu, suite à une bourse, des études de médecine et de philosophie. À cette époque, il publie son premier livre intitulé Peau noire, masques blancs, où il traite du racisme qui l'a confronté au sein de l’armée.

Médecin depuis 1953, il dispute fermement les idéologies de l’École d'Alger de psychiatrie qui travaillait pour la légitimation du colonialisme et le rabaissement des peuples colonisés. Ceci étant dit, on le retrouve très proche du camp du FLN après le début de la guerre d'Algérie en 1954.

C’est sur ce chemin que le réalisateur algérien Abdenour Zahzah, diplômé dans le domaine de l’audiovisuel de l’université d'Alger, lui a dédié un long métrage de fiction non documentaire, Chroniques fidèles survenues au siècle dernier à l'hôpital psychiatrique Blida-Joinville, au temps où le docteur Frantz Fanon était chef de la cinquième division entre 1953 et 1956, qui sera projeté lors du 74e Festival international du film de Berlin en Allemagne, prévu du 15 au 25 février 2024. Ce dernier, ayant été créé en 1951, est l’un des plus importants et des plus anciens au monde, qui a lieu en février chaque année.

Dans ce long métrage, le réalisateur algérien revient sur les inégalités et les injustices commises et pratiquées pendant la période allant de 1953 à 1956 à l’encontre des algériens par le personnel de l’hôpital psychiatrique Blida-Joinville (renommé après l’indépendance Hôpital Franz-Fanon). Ce traitement discriminatoire et inhumain aurait jeté Frantz Fanon dans les bras de la cause nationale, mettant son savoir au profit de la guerre pour l’indépendance.

Ce film de 90 minutes relie différents acteurs algériens et étrangers, comme l’acteur français d’origine haïtienne Alexandre Desan, qui jouera le rôle de Frantz Fanon.

Le cinéaste algérien a également nombreux films dans la poche, tels que Mémoire d’asile (2002), Maurice Pons, écrivain de l’étranger (2007) ou bien La longue marche vers le Nepad (2006), un film réalisé autour du développement de l'Afrique, tourné dans nombreux pays, à savoir l'Afrique du Sud, le Sénégal, le Burkina-Faso et l’Algérie.

Il serait tout aussi intéressant de dire que ce film n’est pas le seul à être dédié à Franz Fanon. Le réalisateur guadeloupéen Jean-Claude Barny lui a consacré toute une œuvre cinématographique, débutée en 2019 et achevée en mai 2023, qui, à l’instar du film réalisé par l’Algérien, se penche sur les techniques de désaliénation pendant la période coloniale de l’Algérie.

« Je ne connaissais pas Frantz Fanon. J’ai connu Frantz Fanon grâce à Jean-Claude et c’est vrai que quand j’ai lu ce scénario, j’ai été frappé. J’ai eu honte – je le dis – de me dire que je ne connaissais pas cette personne. Puis, j’ai lu ses œuvres et là ça m’a encore plus touché et c’est aussi ça qui m’a motivé et j’ai dit "Allez, on va y aller, on va incarner ce personnage, on va le défendre et on va raconter son histoire" », avance le comédien français d’origine camerounaise Alexandre Bouyer après avoir lu pour la première fois le scenario du film Fanon.

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