La situation inquiétante d'un enfant algérien SDF à Limoges

L'équipe pédagogique de l'école Blanchot, à Limoges s'indigne après avoir retrouvé un élève de 6 ans, d'origine algérienne et scolarisé en CP, seul à passer ses nuits dans la rue.

« Aux enfants, on apprend les valeurs d'égalité et de fraternité », rappelle la syndicaliste et enseignante Isabelle Aubry. « Mais dans ce cas-là, ses valeurs sont bafouées », ajoute-t-elle. Si elle tient ces propos, c'est qu'aux alentours de mi-janvier, les enseignants de cette école primaire ont appris que cet enfant de 6 ans passait ses nuits dans la rue, tandis que sa mère est hospitalisée et que sa sœur de 3 ans n'est pas encore scolarisée.

Fabrice Couegnas, enseignant dans cette école élémentaire, alerte : « Il était moins disposé aux apprentissages ». Après avoir été mis eu courant de la situation de l'élevé, il ajoute : « La famille est hébergée par le 115 (numéro d'urgence en cas d'absence d'hébergement), quand le 115 offre un hébergement. Quand il n'en avait pas, ils dormaient dans la rue ».

Les représentants syndicaux et les enseignants disent être « choqués, entre autres, dans nos valeurs. Nous sommes enseignants, fonctionnaire d'État, attachés aux valeurs de la République : égalité, fraternité ». La situation est très désastreuse pour la famille, notamment avec ces temps d'hiver, où la température atteint parfois les -4 °C. « Même quand on a un toit, il fait froid, imaginez-vous si vous dormez dehors. Et pour la petite, elle dort toute la journée donc c'est pas possible », renchérit Fabrice Couegnas.

Bien que la préfecture affirme avoir trouvé une solution et que la famille a trouvé un hébergement, grâce au Samu social, Laurianne Leon du Snuipp-FSU dit ne pas être satisfaite : « Ce sont des solutions qui ne sont pas pérennes, mais au jour le jour. Ça va être une nuit d'hôtel quelque part, une autre nuit d'hôtel peut-être ailleurs. Donc c'est extrêmement insécurisant pour tout le monde, pour la famille en premier lieu, et pour les enfants ».

Il faudra noter également « l'existence d'une autre famille de 5 enfants, âgé de 6 à 13 ans, qui, eux aussi, dorment à la rue, dans le quartier du Val de l'Aurence. Une famille, c'est déjà catastrophique, mais deux, ça devient systémique », déclare Marie-Mélanie Dumas. De nombreuses associations dénoncent l'introduction de la loi de l'immigration, qui ne semble pas être favorable à la famille algérienne.

François Pesneau, préfet de Haute-Vienne, déclare : « Aujourd'hui, cette famille n'a entrepris aucune démarche et à supposer qu'ils déposent une demande d'asile, il est fort probable qu'ils n'obtiennent pas ce statut, détaille le représentant de l'État. Mais en vertu des accords franco-algériens de 1968, ils pourraient être régularisés au bout de dix ans. Il faut qu'on m'explique ce qu'on en fait pendant les neuf ans et trois mois qui restent. »

Les avis quant aux solutions divergent énormément. Le représentant de l'État explique : « C'est un peu une impasse, regrette la directrice de l'ARSL. On aimerait travailler avec eux, peut-être sur une incitation au retour au pays. On aimerait leur faire voir toutes les hypothèses ». Cela revient au fait que la famille en question n'ait pas demandé de titres de séjour en France depuis l'été dernier.

La régularisation de la situation de la famille de 6 enfants est obtenue et elle va bientôt recevoir ses papiers. Quant à celle de l'enfant de 6 ans, elle a suscité une vive polémique. François Pesneau explique que le maintien de cette famille en France est un comportement hasardeux et que l'éventualité d'un rapatriement est envisageable.

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