« C'est une injustice » : Le cauchemar d'un sans-papiers algérien en France

Plus de 600 travailleurs sans papiers sont mobilisés depuis le 17 octobre en région Île-de-France. Leur objectif est de dénoncer des conditions de travail insoutenables et exiger leur régularisation administrative. Car dans l'ombre des préparatifs pour les Jeux olympiques Paris-2024, se cache la souffrance endurée par des centaines de migrants clandestins.

Parmi eux, Abdel, un jeune algérien de 25 ans, qui partage son histoire marquée par l'injustice et l'exploitation dans les colonnes du journal L'Humanité. En 2018, Abdel est arrivé en France, plein d'espoir et en quête d'opportunités, fuyant le manque d'emplois en Algérie. Malgré ses diplômes et qualifications en informatique et technologie, il se voit contraint d'accepter des emplois intérimaires dans le domaine de la maçonnerie.

Cependant, un évènement tragique sur un chantier de travaux publics des Jeux olympiques, situé sur les quais de la Seine, va briser ses espoirs. Il raconte que le patron annonce brusquement la fin des contrats de tous les travailleurs intérimaires, le laissant sans emploi. Les travailleurs qui ont demandé des explications, ont eu comme seule réponse que cette décision faisait suite à un accident sur un autre chantier, souligne-t-il.

Conditions d'hygiène souvent déplorables

Le jeune algérien explique qu’en réalité, les employeurs craignent les contrôles de la Sécurité sociale. Car sur ces chantiers, les conditions d'hygiène sont souvent déplorables. Les travailleurs doivent se contenter de salles de pause dépourvues de chaises, de tables sales, sans microonde ni réfrigérateur pour leurs repas. Parfois, il n'y a même pas de vestiaire, obligeant les travailleurs à ranger leurs affaires dans des sacs.

Abdel se souvient d'une mission à Montreuil où il a travaillé en contact avec de l'amiante, inhalant la poussière. Les travailleurs ont dû utiliser les mêmes masques pendant toute une semaine, alors qu'un masque par jour était nécessaire pour garantir leur sécurité.

Injustice et exploitation des travailleurs sans-papiers

Selon Abdel, contrairement aux travailleurs français, les sans-papiers se retrouvent souvent à effectuer les tâches les plus pénibles, comme utiliser un marteau-piqueur toute la journée. Il lui est même arrivé de devoir utiliser les mêmes bouchons d'oreille pendant un mois, mettant ainsi sa santé en danger.

Le jeune algérien précise qu’il n'a jamais été victime d'extorsion de la part de ses supérieurs pour obtenir un emploi, mais les pratiques d'exploitation sont répandues. Il révèle par exemple que les fiches de paie indiquent des heures déclarées qui ne correspondent pas aux heures réellement travaillées, entraînant une perte mensuelle de 250 à 300 euros sur un salaire variant entre 2 000 et 2 400 euros. Ces travailleurs sans papiers accomplissent les mêmes tâches que leurs collègues en règle, au sein des mêmes agences, mais ils sont nettement moins bien rémunérés.

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