La mort de Nahel, tué par un policier le 27 juin à Nanterre, a mis la France sens dessus dessous. La mort tragique de cet adolescent de 17 ans d’origine algérienne a enclenché des émeutes dans plusieurs villes en France durant quatre jours de suite. L’affaire, qui polarise l’actualité en France, a suscité différentes réactions à l'étranger, dont celle du gouvernement algérien.
La France vit depuis cinq jours au rythme du drame qui avait frappé, mardi dernier, une famille d’origine algérienne. La mort du jeune Nahel M., un Franco-Algérien âgé de 17 ans tué mardi 27 juin dans sa voiture par un policier à Nanterre dans la région parisienne, à la suite d'un refus d'obtempérer, a ébranlé la France. Le drame a plongé le pays dans des troubles sociaux avec des émeutes violentes dans de nombreux quartiers parisiens et dans d'autres villes françaises.
Mort de Nahel : Quatre nuits d'émeutes dans plusieurs villes de France
Dégradations, pillages et échauffourées se sont poursuivis vendredi pour la quatrième nuit de suite dans plusieurs villes du pays comme Toulouse, Marseille, Bordeaux, Nantes, Lyon et Lille, avec au moins 994 interpellations à 8 heures du matin, a indiqué ce samedi le ministre français de l’Intérieur. Tous les bus et tramways seront interrompus à 21 heures au plus tard « tous les soirs jusqu'à nouvel ordre » en Île-de-France et dans d’autres régions du pays, sur décision de Gérald Darmanin. Ce dernier a annoncé le déploiement de « 45 000 policiers et gendarmes » dans la nuit de vendredi à samedi dans toute la France.
1311 personnes interpellées, 1350 véhicules brûlés et 266 bâtiments incendiés
Quelque 1350 véhicules ont brûlé, 266 bâtiments ont été incendiés ou dégradés, dont 26 mairies et 24 écoles, et 2560 feux comptabilisés sur la voie publique, selon un bilan du ministre de l’Intérieur publié ce samedi. 1311 personnes ont été interpellées et 79 policiers et gendarmes ont été blessés dans la nuit du vendredi à samedi, selon la même source. Vendredi matin, le président français Emmanuel Macron avait annoncé 92 bâtiments atteints, 2000 véhicules brûlés et 3880 incendies sur la voie publique allumés. Au total, 875 personnes avaient été interpellées à la troisième nuit de violences, et 150 personnes dans la nuit de mercredi à jeudi.
Alors que les obsèques de Nahel sont prévues ce samedi après-midi à Nanterre, la disparition de ce jeune Franco-Algérien a suscité des réactions d’indignation en France. Une marche blanche à l’appel de la mère de la victime a eu lieu jeudi à Nanterre. Des politiciens, des artistes et des sportifs ont réagi à la mort de Nahel, un jeune « sans histoires » selon sa famille et proches.
Kylian Mbappé se solidarise avec la famille de Nahel
Sur Twitter, la star du football français Kylian Mbappé a fait part de sa grande émotion après la mort de Nahel. « J’ai mal à ma France », a-t-il écrit au lendemain du drame. « Une situation inacceptable. Toutes mes pensées vont pour la famille et les proches de Naël, ce petit ange parti beaucoup trop tôt », ajoute le capitaine des Bleus. Dans un autre message, publié vendredi soir, Kylian Mbappé et l’ensemble de l’équipe de France ont demandé que le « temps de la violence » cesse.
— Kylian Mbappé (@KMbappe) June 30, 2023
L’Algérie se dit « choquée et consternée » par la mort de Nahel
Les autorités algériennes n’étaient pas en reste. Dans un communiqué publié jeudi soir, le ministère algérien des Affaires étrangères se dit « choqué et consterné » par la mort de l'adolescent d'origine algérienne et né à Nanterre. L’Algérie dit notamment s'inquiéter des « circonstances particulièrement troublantes et préoccupantes » du drame. Le ministère exhorte le gouvernement français à « assumer pleinement son devoir de protection » envers les Algériens de France, se disant « soucieux de la quiétude et de la sécurité dont doivent bénéficier nos ressortissants sur leur terre d'accueil », selon les termes du communiqué.
L'ONU appelle la France à se pencher sur « les problèmes de racisme » au sein des forces de l’ordre
L'ONU a également réagi à la mort de Nahel. L’instance onusienne a appelé la France à se pencher sur les problèmes de racisme et de discrimination au sein des forces de l’ordre. « C'est un moment pour le pays de se pencher sérieusement sur les problèmes profonds de racisme et de discrimination au sein des forces de l'ordre », a déclaré la porte-parole du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH), Ravina Shamdasani vendredi. « Nous appelons les autorités à s'assurer que l'usage de la force par la police pour s'en prendre aux éléments violents lors des manifestations respecte les principes de légalité, de nécessité, de proportionnalité, de non-discrimination, de précaution et de responsabilité », a-t-elle ajouté.