Les Accords de 1968 : Un privilège pour les Algériens et un défi pour la France

En 1968, la France et l'Algérie ont signé un accord significatif qui réglemente les conditions d'entrée, de séjour et d'emploi des ressortissants algériens en France. Cet accord historique, souvent évoqué dans les débats sur l'immigration en France, a récemment refait surface.

Contexte historique des accords de 1968

Les Accords de 1968 ont été signés dans un contexte de nécessité économique pour la France, alors en pleine période de développement rapide appelée les Trente Glorieuses. Manquant de main-d'œuvre, la France a facilité l'installation des travailleurs algériens, ainsi que de leurs familles, pour soutenir la croissance de son économie. En échange, l'Algérie, représentée par l'ancien président Abdelaziz Bouteflika, alors ministre des Affaires étrangères, obtenait des avantages significatifs pour ses ressortissants.

Accords de 1968 : Quels avantages pour les Algériens ?

Les avantages pour les ressortissants algériens sont multiples. Les accords donnent aux Algériens un statut particulier en France, établissant un régime spécifique qui déroge au droit commun. L'entrée des ressortissants algériens en France est facilitée et ils peuvent accéder plus rapidement aux titres de séjour valables dix ans. De plus, les Algériens bénéficient de la liberté d'établissement pour exercer une activité de commerçant ou une profession indépendante.

Le regroupement familial est également facilité. Les membres de la famille qui rejoignent un titulaire d'un certificat de résidence de 10 ans reçoivent un titre de séjour de même durée dès leur arrivée sur le territoire français. De plus, le conjoint algérien d'un Français obtient un certificat de résidence de 10 ans après un an de mariage.

Cependant, malgré ces avantages, certains aspects du régime spécifique posent des contraintes. Par exemple, les étudiants algériens ne peuvent pas avoir un petit "job" sans autorisation, et ils sont également limités dans le nombre d'heures qu'ils peuvent travailler en tant que salariés.

Depuis sa signature, l'accord a été révisé trois fois en 1985, 1994 et 2001, mais ses grands principes ont été maintenus. Étant donné que cet accord est un traité international, il a une valeur supérieure aux lois nationales, ce qui signifie que les Algériens ne sont pas tout à fait soumis aux lois sur l’immigration en France.

Récemment, l'ancien Premier ministre français, Edouard Philippe, a déclaré être contre « une immigration du fait accompli » et pour une renégociation de ces accords. « L'augmentation massive du nombre de nouveaux arrivants ces dernières années ne correspond en rien à un choix politique », a-t-il déclaré. « Bien entendu, il y a des relations historiques extrêmement puissantes entre la France et l’Algérie, mais le maintien aujourd’hui d’un tel dispositif avec un pays avec lequel nous entretenons des relations compliquées ne me paraît plus justifié », ajoute l'ancien Premier ministre français. La perspective de la renégociation de cet accord a soulevé des inquiétudes quant à l'impact potentiel sur les relations entre la France et l'Algérie.

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