Contrairement à son compatriote Patrick Bruel, Enrico Macias n'est toujours pas autorisé à réaliser son rêve. Celui de se rendre en Algérie, son pays natal. Tout le monde s'accorde à dire que ce dernier est déclaré persona non grata à cause de ses origines juives. La vérité pourrait cependant être toute autre.
Le chanteur Patrick Bruel a enfin pu visiter son pays natal, l'Algérie. Il s’y est rendu au début de ce mois de février, pour trois jours durant lesquels il a effectué un pèlerinage à Tlemcen, la ville qui l'a vu naitre le 14 mai 1959. Il a également fait escale à Oran et Alger.
Contrairement à lui, Enrico Macias n'est toujours pas autorisé à se rendre en Algérie. Pourtant les deux artistes sont dans la une même situation. Enrico Macias et Patrick Bruel sont tous les deux d'origine juive et nés en Algérie. Certains n'hésitent pas d'ailleurs à évoquer une décision de deux poids, deux mesures. Ce n'est décidemment pas le cas.
Le refus des autorités algériennes à Enrico Macias de venir au pays n'a rien à voir en fait avec ses origines. Le journaliste Abed Charef, qui est également écrivain et chroniqueur algérien, a donné son analyse. Dans une contribution publiée cette semaine sur le site Middle East Eye, il a affirmé en effet que Enrico Macias s'est mêlé dans la guerre de libération nationale contre le FLN (Front de Libération nationale) et l'ALN( armée de libération nationale), d'où cette décision.
Les révélations inédites d'un journaliste algérien
« Enrico Macias s’était volontairement enrôlé, selon des témoignages que j’ai pu recueillir, dans une milice coloniale, les Unités territoriales, pendant la guerre d’Algérie », a écrit le journaliste qui a notamment dirigé l’hebdomadaire La Nation et écrit plusieurs essais, dont « Algérie, le grand dérapage ».
Et d'expliquer : « il s’agissait de détachements de volontaires réservés aux Européens, contrairement aux harkas (formations de supplétifs réservées aux miliciens d’origine algérienne), qui avaient pour mission de combattre leurs propres compatriotes du FLN ».
Abed Charef a souligné que « côté algérien, la ligne de conduite est simple : seules sont considérées indésirables les personnes qui ont volontairement pris les armes contre le FLN et son armée l’ALN pendant la guerre d’Algérie et celles qui ont, de notoriété publique, participé à des exactions contre les populations algériennes, selon des propos recueillis auprès d’un ancien ministre des Moudjahidine (anciens combattants). »
Peu de chances pour Enrico Macias de visiter l'Algérie
C'est ce qui explique en somme pourquoi Patrick Bruel a été autorisé à se rendre en Algérie contrairement à Enrico Macias. Autant dire, en fait, que le natif de Constantine n'a que peu de chance de réaliser un jour son rêve. Un rêve auquel il tient encore.
« J’ai 84 ans maintenant, j’espère qu’ils vont faire vite pour me faire venir. J’ai envie avant de quitter ce monde, au moins une fois retrouver ma ville natale, mon pays, tous les amis que j’ai là-bas, mon peuple algérien, mes frères. Peut-être que ca va venir, je ne dirais pas non à l’avenir », a-t-il déclaré le mois de novembre dernier.