« 42 millions d’Algériens veulent partir en France », le constat surréaliste d’un diplomate français

« 42 millions d’Algériens veulent quitter leur pays pour la France », a affirmé un diplomate français, lundi 6 février dernier. Il s’agit de l’ancien ambassadeur de Paris à Alger, Xavier Driencourt qui a encore critiqué le gouvernement algérien. Pour lui, c’est la  » mal- gouvernance » qui pousse la population algérienne vers ce départ. 

Ambassadeur de la France en Algérie de 2017 à 2020, Xavier Driencourt ne garde décidemment pas bonne impression de son expérience. Il ne rate en tous cas aucune occasion pour s’en prendre au gouvernement algérien et parfois même à son peuple. Le diplomate français est revenu encore à la charge cette semaine pour décrire une situation de calamité sociale qui prévaut en Algérie.

Dans un entretien accoré lundi 6 février à Sud Radio, Xavier Driencourt estime que c’est tout le peuple algérien qui veut partir en France. « 42 millions d’Algériens veulent venir en France parce qu’on leur parle tant de la France depuis leur enfance qu’ils veulent connaître ou découvrir la France. D’autres veulent venir s’installer », a t-il déclaré.

Et d’ajouter pour éclabousser le gouvernement algérien qu’il accuse d’être derrière cette volonté d’exode massive. « Ce pays devrait être la Californie de l’Afrique. Il y a le climat, la Méditerranée, la montagne, le pétrole et le gaz. Et la proximité avec l’Europe. Ce pays a tout pour réussir. Mais je crois que la gouvernance depuis 1962, le rôle prépondérant de l’armée dans le système algérien fait que beaucoup de gens en ont assez de cette mal-gouvernance », a t-il lâché.

« Les Algériens n’admettent pas le rôle du visa »

L’ancien chef de la mission diplomatique française à Alger fait état par ailleurs, d’un paradoxe algérien.  « En Algérie, explique t-il, on critique la France, mais on demande des visas parce que chaque Algérien a un frère, un oncle ou de la famille en France. Et parce que cela fait partie du mode de vie normal. »

Et de poursuivre « pendant 132 ans, on circulait librement entre les deux pays, les visas n’ont pas existé avant 1986. En 1986, c’est le Premier ministre Jacques Chirac qui les a établis, pour l’ensemble des pays du monde d’ailleurs. Il y a quelque chose de normal au fait de circuler librement, de venir librement en France. Donc, les Algériens n’admettent pas le rôle du visa.« 

« L’Algérie, c’est à la fois de la politique étrangère et de la politique intérieure française »

Evoquant les relations entre l’Algérie et la France, Xavier Driencourt a affirmé que celles-ci devront être privilégiées pour moults raisons. « Soixante ans après l’indépendance, ce pays que nous avons colonisé pendant 132 ans, nous le connaissons très mal. Alors que nous devrions être intimes, être fins connaisseurs de l’Algérie ».

Pour lui « l’énigme » des relations entre les deux pays, « c’est que l’Algérie, c’est à la fois de la politique étrangère et de la politique intérieure française. Il y a l’histoire, il y a la proximité géographique, il y a les pieds noirs, il y a les harkis, il y a les immigrés de la 1ère, 2e et 3e générations et puis, les pieds rouges, les coopérants, il y a encore 1,5 million de militaires français qui ont fait la guerre d’Algérie. En tout, 10% de la population française. Et les pouvoirs publics doivent tenir compte de toutes ces sensibilités. Et tous les présidents de la République l’ont fait », a t-il souligné t-il.

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