Depuis quelques semaines, le marché noir des devises connait une certaine effervescence. Mais, les cours officiels n’ont pas été épargnés non plus, vu que le dollar et l’euro ont atteint des records, cette année.
Un changement significatif de la valeur des principales devises est constaté dernièrement dans le marché noir. En effet, au square Port-Saïd, dans le capitale Alger, aujourd’hui, le 07 mai 2022, un seul euro est cédé au marché noir contre 215 dinars algériens à la vente et contre 212 dinars algériens à l’achat.
Ce samedi 07 mai, la valeur de dollar américain a fini par atteindre la barre symbolique des 200 dinars algériens sur le marché noir des devises. En effet, la monnaie américaine unique s’échange contre 200.00 dinars algériens à l’achat et contre 214.00 dinars algériens à la vente.
Concernant les autres devises, le dollar canadien s’est fixé à 150.00 dinars algériens à l’achat et contre 153.00 dinars algériens à la vente. La valeur de le monnaie nationale reste aussi en difficulté face à la livre sterling qui s’est fixée à 253.00 dinars à l’achat et 256.00 dinars algériens à la vente.
Les cotations de la banque d’Algérie
Les cotations officielles de le banque d’Algérie pour ce samedi 07 mai 2022, indiquent que la monnaie européenne unique s’est échangée contre 154.07 dinars algériens à l’achat et contre 154.10 dinars algériens à la vente, soit une valeur en légère hausse.
De côté américain, la valeur de dollar a également observé une légère augmentation et s’est fixée à 145.42 dinars algériens à l’achat et 145.43 dinars algériens à la vente. La monnaie de Royaume-Uni, la livre sterling, s’est échangée sur le marché officiel contre 182.32 dinars algériens et contre 182.39 dinars algériens à la vente. En légère baisse par rapport aux jours passés, notamment après avoir atteint les 187 dinars algériens.
Il convient également de noter que la valeur de dollar canadien est de 114.04 dinars algériens à l’achat et 114.08 dinars algériens à la vente.
Dégringolade de l'euro sur le marché mondial
A l'image des autres grandes devises européennes, l'euro n'en finit pas de sombrer face à un dollar à des plus hauts pluriannuels. La monnaie unique européenne continue sa dégringolade sur le marché mondial.
La politique monétaire dictée par les américains, mais aussi par les russes, n'est pas sans conséquence sur l'euro et les autres grandes devises européennes. La livre a chuté de 8% pour retomber à son niveau du plus fort de la pandémie, et le franc suisse de 7,5%.
Cependant, un resserrement de politique monétaire n'est pas une panacée. La Banque d'Angleterre a remonté les siens pour la quatrième fois consécutive jeudi, et la livre est pourtant en difficulté.
Aux origines de la dégringolade de l'euro
Les devises européennes, notamment l'euro, dévissent à cause de l'invasion russe de l'Ukraine qui a provoqué un choc sur les marchés depuis le mois de février. La guerre en Ukraine pousse en effet les investisseurs à délaisser les actifs européens, et l'euro perd 7% depuis le début de l'année, au plus bas depuis cinq ans et approchant la parité avec le dollar.
Or, comme l'économie américaine est moins affectée par les chocs économiques de la guerre en Ukraine et du Covid en Chine, la Fed peut se permettre de resserrer plus vite sa politique monétaire pour contrer l'inflation. Cela rend le dollar plus attractif, alors que la Banque centrale européenne (BCE) est divisée sur un relèvement de ses taux.
L'euro dépend de "la croissance mondiale et de conditions financières souples"
Le dollar a profité de son statut de valeur refuge, recherché des investisseurs en période d'instabilité économique, tandis que les devises européennes ont souffert de leur proximité avec le conflit. "L'activité économique semble ralentir dans toutes les grandes économies, comme les échanges commerciaux", souligne Jonas Goltermann, économiste chez Capital Economics dans une note.
L'économiste rappelle que l'euro est dépendant de "la croissance mondiale et de conditions financières souples". Ajouter à cela, plusieurs pays de la zone euro sont dépendants des importations d'énergie russe, et leurs économies seraient affectées par un embargo sur le pétrole de Moscou, que l'UE envisage.
Vers la parité euro - dollar
Et pour cause, Capital Economics n'exclut pas que l'euro arrive à la parité avec le dollar. Une mauvaise nouvelle alors que l'inflation est déjà bien installée, puisqu'une baisse de la monnaie rend automatiquement plus coûteuses les importations venues de pays utilisant d'autres devises.
La vigueur du billet vert n'affecte pas uniquement les échanges avec les États-Unis : de nombreux contrats commerciaux internationaux se basent sur des prix fixés en monnaie américaine, notamment pour l'approvisionnement en énergie déjà si coûteux. Cet effet inflationniste est cependant "secondaire", nuance Gaétan Péroux, économiste chez UBS.
Manque de matières premières première cause de l'inflation
Les principales causes de l'inflation restent un manque de matières premières, notamment le pétrole et le gaz russe dont l'Europe tente de se sevrer, et les perturbations de la chaîne d'approvisionnement et pénuries de travailleurs depuis la reprise post-covid. Mais la remontée du Covid-19 en Chine et les confinements qui en ont découlé pèsent aussi sur les devises européennes.
Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a cependant reconnu vendredi qu'"un euro trop faible irait à l'encontre de notre objectif de stabilité des prix", arguant pour une remontée des taux.
Quelle solution pour l'euro ?
La Banque a en effet annoncé à la même occasion qu'elle tablait sur une année 2023 de contraction de l'économie, alors même que l'inflation restera élevée : c'est la stagflation redoutée par les économistes.
Pour que l'euro évite la parité avec le dollar, il faut que "l'Allemagne trouve des sources d'énergie, qu'on évite une récession et que le marché continue de croire que la BCE va durcir sa politique cette année", conclut Jane Foley, analyste chez Rabobank.
