Après 10 ans en France : une algérienne victime de violences conjugales menacée d'expulsion

Nacera Bouzidi, d'origine algérienne, se déclare victime de violences conjugales et implore la préfecture de régulariser sa situation. Pour cette femme âgée de 43 ans, construire sa vie en France, c'était son seul souhait. Mais la vie lui réserve des surprises d’un autre genre.

Longtemps, elle a encaissé sans rien dire, attendant désespérément de trouver une solution qui n’est jamais venue. Mais aujourd’hui, Nacera Bouzidi ne veut plus se taire. Tout ne se passe pas bien pour Nacera, elle demeure sans activité pendant une période de six mois. Confronté à des ennuis et des dettes financières, son conjoint lui aussi exerce un autre poids sur Nacera, celui de la violence conjugale.

Originaire d’une petite ville près de Mostaganem, cette Algérienne de 43 ans a même accepté de témoigner à visage découvert pour alerter sur sa situation de femme meurtrie dans sa chair depuis son arrivée sur le sol français, il y a maintenant dix ans. À cette époque, elle n’a qu’un seul souhait : construire sa vie en France. Pour y parvenir, elle décide de rejoindre une grande partie de sa famille installée dans la région toulousaine, puis se met à chercher un travail.

"Début d’un long calvaire"

Elle trouvera un poste d’aide cuisinière dans un restaurant et obtiendra sa carte de séjour en 2017. [the_ad id="7305"] Nacera Bouzidi rencontrera aussi l’amour dans la ville rose puis se mariera trois ans plus tard, en 2019 à Auch, où elle réside encore aujourd’hui. Lors de son témoignage au journal La Dépêche, elle déclare avoir refusé de contribuer au règlement de dettes de son mari, ce qui lui a infligé des blessures graves.

« Quand on s’est installé ensemble, d’abord à Fleurance puis à Auch, les problèmes ont commencé, témoigne-t-elle. Il avait énormément de dettes et il voulait que je l’aide financièrement. » Ce qui aurait dû constituer l’aboutissement de son intégration marquera toutefois le début d’un long calvaire. Victime d’arthrose récurrente aux genoux, elle est contrainte de se faire opérer.

Victime de violences conjugales

Son médecin lui prescrit dans la foulée six mois d’arrêt de travail. Une situation que son mari a visiblement du mal à accepter. [the_ad id="7305"] Certificats médicaux à l’appui, Nacera expose les violences conjugales dont elle se déclare victime : coups, griffures au niveau des épaules, ecchymose de la pommette gauche, tuméfaction du genou droit… À l’issue d’une première visite médicale pour faire constater ses blessures, le médecin lui prescrira un jour d’ITT.

Nacera Bouzidi déposera également deux plaintes, en juillet 2020 et juin 2021 et recueillera même le témoignage écrit d’une voisine de palier. Toujours mariée, elle a quitté son conjoint l’an dernier. « C’est la police qui l’a fait sortir de chez moi, trois jours après une nouvelle violence. Aujourd’hui, il vit chez sa mère », précise-t-elle.

"Je voudrais que mon ex soit condamné"

Affectée physiquement et psychologiquement depuis plusieurs années, elle lance un appel à l’aide. « Je voudrais que mon ex soit condamné, il m’a pourri la vie », lâche-t-elle. [the_ad id="7305"] Dans ses conclusions, son avocat Me Cohen a signifié que le refus de séjour était « injustifié » et portait « une atteinte disproportionnée à sa vie privée et familiale. ». Au-delà de sa vie conjugale, c’est son avenir en France qui vacille aujourd’hui.

Après avoir fait la demande pour obtenir le statut de conjointe de français, Nacera Bouzidi a reçu en mars 2021 une Obligation de quitter la France (OQTF), alors même qu’elle était titulaire d’un CDI et d’une carte de séjour valable jusqu’en septembre 2021. Une deuxième OQTF vient de lui être notifiée ce mois-ci.

En plus de son état critique, Nacera est soumise à une décision portant sur une obligation de départ du territoire français prononcée en mars 2021. De son côté, Nacera Bouzidi réclame simplement de l’attention, notamment de la part des autorités. « J’aimerais que la préfecture regarde mon dossier, et que les associations puissent aussi se pencher sur mon cas », conclut-elle.

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