Algérie : les chiffres sur l'immigration et les envois de fonds

Les résultats d’une étude du Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread), conduite par le spécialiste du fait migratoire,  le sociologue Mohamed Saïb Musette, donnent froid au dos. Les chiffres de l’immigration clandestine et de la fuite des cerveaux algériens vers l’Europe ont pris une ampleur inquiétante.

L’enquête s'appuie sur une revue documentaire menée sur 20 ans de réflexion et d’étude des mouvements migratoires en Algérie et dans la région du Maghreb. Elle relève une tendance croissante  des mouvements migratoires en Algérie vers l’Europe.

Migration clandestine

L’étude menée par le spécialiste Mohamed Saïb Musette montre une courbe haussière du phénomène de l’immigration clandestine avec un nombre record “de traversées” entre l’Algérie et l’Espagne.

Entre janvier 2020 et juin 2021, le Frontex recense près de 13 000 tentatives déjouées par les gardes-côtes des pays européens. Durant le premier semestre de 2021, le volume des tentatives a augmenté de 37% par rapport à la même période en 2020. Les gardes-côtes algériens ont  intercepté 8 184 migrants algériens et démantelé 190 réseaux de passeurs en 2020.

Au total, en 2020, plus de 20 000 tentatives de migration illégale par voie maritime ont été avortées. “Les migrants algériens en situation irrégulière à l'étranger sont davantage identifiés en Europe. Les données de l’Eurostat font mention d’une moyenne annuelle de 18 600 Algériens en résidence illégale dans les pays de l’UE durant les dix dernières années (2008-2017), avec près de 25 000 en 2017”, note le chercheur.

Migration estudiantine

L’étude révèle que  “le nombre d'Algériens étudiants à l'étranger est passé de 20 000 en 2014 à près de 30 000 en 2018 (ISU/Unesco, 2020), répartis dans plus de 40 pays, avec une concentration de 83% en France”. Le sociologue note une accélération de la migration des cadres de haut niveau, notamment les ingénieurs et les médecins.

“Une étude récente indique un fort désir de migrer de la part des diplômés de l'enseignement supérieur. Un diplômé algérien sur deux affiche son intention de quitter l'Algérie”, indique Mohamed Saïb Musette.

Les résultats d'une enquête du Cread, auprès des étudiants algériens en France, font ressortir que seuls 22% envisagent de retourner en Algérie. 78% des étudiants déclarent ne pas avoir l'intention de retourner en Algérie à la fin de leurs études. 57% d'entre eux envisagent de s'installer en France, tandis que 21% se préparent à partir pour un autre pays.

Envois de fonds

Les envois d’argent de la diaspora algérienne à l'étranger sont estimés à 1,1% du produit intérieur brut (PIB). Les transferts d’argent ont diminué de plus de 5 % en 2021.

L’essentiel de ces envois est effectué par les institutions, notamment sous forme de retraites. Un tendance croissante est observée sur les envois de fonds depuis 2014. Le chercheur note par ailleurs, que “l’Algérie tente de substituer les transferts d’argent par l’investissement de la diaspora et l’intégration des compétences nationales à l’étranger dans le processus de développement local notamment”.

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