Transport aérien : Air Algérie entre espoir et incertitudes

Air Algérie traverse une zone de fortes turbulences sur le plan économique. La reprise tant attendue des vols internationaux est clairement menacée par le regain de l'épidémie. Face à l’espoir d’une reprise rapide, les incertitudes planent et la direction doit concéder plus d’efforts pour supporter le choc.

La crise sanitaire liée à la Covid-19 a eu des effets dévastateurs sur la compagnie nationale. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Air Algérie a enregistré des pertes qui ont dépassé 6 mille milliards de centimes depuis le début de la pandémie. Et le nombre de passagers aura chuté de prés de 70 % en 2020.

Les pertes abyssales d’Air Algérie

L’entreprise publique a accusé un recul de 37 % de son bénéfice net pour l'année 2020. Le manque à gagner s’élèvera selon certaines estimations, à plus de 80 milliards de centimes d’ici décembre. Selon la direction, le transporteur aérien n’a transporté que 1,5 million de passagers en 2020, contre 17 millions en 2019.

En dépit de l’ouverture partielle des frontières depuis juin, le transporteur public déplore une « très faible amélioration » des marchés internationaux et intérieurs du transport de passagers. Les restrictions sur les voyages décidées par les autorités algériennes ne font qu’empirer la situation et la majorité de la flotte reste clouée au sol.

En effet, le programme international d’Air Algérie concerne six  destinations : France, Espagne, Italie, Allemagne, Turquie et Tunisie. Seulement, une cinquantaine de vols spéciaux sont autorisés malgré la forte demande des voyageurs.  L’opérateur est contraint de travailler avec des plans à court terme à cause de la pandémie.

La compagnie a besoin d’un plan de restructuration et d’une aide de l’Etat

Un plan de restructuration post pandémie est essentiel pour la survie de l’entreprise publique. Les pouvoirs publics privilégient l'idée de la création d’une filiale domestique et l’ouverture du capital d’Air Algérie. La direction devrait également réduire le nombre de ses agences à l’étranger dont les charges pèsent énormément sur la trésorerie.

Par ailleurs, Air Algérie aura besoin d’une aide de l’Etat d’environ 750 millions d’euros pour assurer sa survie. Mais en raison de la crise financière qui frappe le pays, la compagnie n’a que peu à espérer.  Cette aide si elle sera accordée,  serait  destinée à couvrir les dépenses de l’entreprise, payer les salaires des 9600 employés, et à rembourser les dettes. Une partie de la somme serait également versée aux investissements étrangers.

Condamnée à rembourser les billets annulés

La compagnie aérienne doit faire face à un autre problème de taille : le remboursement des billets non utilisés. Air Algérie devra rembourser pas moins de 600. 000 billets d’avions annulés depuis mars 2020. Dilemme, les charges de fonctionnement et de la maintenance ont englouti une grande partie de l’argent.

Air Algérie propose à ses clients, un report des dates des vols ou un avoir à utiliser sur un vol ultérieur. Le porte-parole de la compagnie avait affirmé en juillet dernier, que « l’utilisation ultérieure des billets d’avions se fera sans frais dans la même classe tarifaire et sans aucun document supplémentaire, dès la reprise des vols ». Cependant, une grande partie des clients ne souhaitent pas le report sur un autre vol. Ils réclament un remboursement en numéraire.

Air Algérie, bientôt concurrencée

Air Algérie pourrait bientôt être concurrencée au niveau national avec le lancement de compagnies privées. Il s’agit d’une décision des hautes autorités du pays qui veulent encourager tout opérateur privé qui serait en mesure d'investir dans le domaine de l’aviation civile.

En effet, les autorités ferment le secteur du transport aérien à l’investissement privé national, mais le laissent ouvert aux compagnies étrangères, qui tiraient profit de cette situation. Le 28 juillet dernier, le ministre algérien des Transports, Aïssa Bekkaï a ouvert la porte à l’arrivée de nouvelles compagnies privées qui viendraient concurrencer les compagnies nationales Air Algérie et Tassili Airlines. Il a indiqué que le gouvernement algérien encourageait tout opérateur privé qui serait en mesure d’investir dans le domaine de l’aviation civile et du transport maritime.

Pour sa part, le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune avait annoncé en août 2020, qu’il ne voyait « aucune objection, aujourd’hui, à ce que des investisseurs privés créent des compagnies de transport aérien et maritime de marchandises et de voyageurs ainsi que des banques ».

Retour en haut